Les quelque 200 délégations participant à la conférence sur le
réchauffement climatique de Durban se sont séparées dimanche sur un
pacte qui, pour la première fois, oblige les plus gros pollueurs à
prendre des mesures pour réduire leurs émissions de gaz à effet de
serre.
Mais l'accord de Durban est jugé trop timide par une
partie des délégués et des ONG, qui estiment qu'il ne permettra pas de
contenir le réchauffement climatique sous le seuil des 2°C dans le
siècle à venir, défini par les scientifiques spécialistes du climat pour
éviter une mutation irréversible.
Cet accord intervient après des années de négociations
infructueuses pour imposer une législation contraignante visant les
grands pays émergents comme la Chine et l'Inde, mais également les pays
riches comme les Etats-Unis.
Au terme de deux semaines de débats souvent tendus, les
participants à la 17e conférence sur le climat organisée par l'Onu sont
parvenus à s'entendre sur une extension du protocole de Kyoto, premier
cadre juridiquement contraignant de réduction des émissions de gaz à
effet de serre.
La première phase d'engagement du protocole qui impose
aux pays développés de réduire leurs émissions de CO2 expire fin 2012.
Kyoto sera prolongé jusqu'en 2017.
Les Etats-Unis n'ont jamais ratifié leur engagement, la
Chine et l'Inde ne sont pas concernés par le protocole de Kyoto.
Les délégués se sont mis d'accord pour entamer l'année
prochaine des négociations sur un nouveau système contraignant de
réduction d'émissions des gaz à effet de serre d'ici 2015, avec une
entrée en vigueur d'ici 2020.
Le processus, intitulé "Plateforme de Durban", va
"développer un nouveau protocole, un autre instrument juridique ou une
solution concertée ayant une force légale qui sera appliqué par toutes
les parties de la Convention sur le climat de l'Onu". Une formulation
vague, de l'avis même de la secrétaire exécutive de la convention cadre
de l'Onu sur le changement climatique, Christina Figueres. "Ce que cela
signifie doit encore être décidé", a-t-elle dit.
Les délégués se sont également entendus sur le format
d'un Fonds vert pour le climat destiné à aider les pays pauvres à faire
face au réchauffement climatique.
"Nous étions venus ici avec un plan A et nous avons
conclu cette conférence avec un plan A pour sauver la planète pour
l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants", a commenté Maite
Nkoana-Mashabane, ministre sud-africaine des Affaires étrangères et
présidente de la conférence de Durban.
"Nous avons écrit l'histoire", a-t-elle ajouté en
conclusion de ce sommet organisé depuis le 28 novembre et qui a été
prolongé de deux jours en raison de divergences sur la formulation de
l'accord.
"TOUT N'EST PAS ENCORE PERDU"
Les représentants de l'Union européenne considèrent cet
accord comme un succès puisqu'ils ont rallié les soutiens sur leur
objectif de conclure un nouveau traité climatique en 2015 au plus tard,
pour une entrée en vigueur en 2020.
L'UE a également réussi à convaincre les trois plus
gros émetteurs de gaz à effet de serre (Etats-Unis, Chine et Inde) "à
s'engager sur une feuille de route qui garantit un accord mondial",
selon les mots de Chris Huhne, secrétaire britannique à l'Energie et au
Climat. Il s'agit d'une "grande victoire pour la diplomatie européenne",
a-t-il jugé.
"Nous pensons que nous avons eu la bonne stratégie et
cela a marché", a commenté la commissaire européenne pour le Climat,
Connie Hedegaard. "L'essentiel est que toutes les grandes économies,
toutes les parties en présence se sont légalement engagées sur l'avenir
et c'est pour cela que nous étions venus", a-t-elle ajouté.
Toutefois, les spécialistes de l'environnement et les
petits Etats insulaires, menacés par l'élévation du niveau des océans,
ont jugé que cet accord n'allait pas assez loin.
"J'aurais aimé en avoir davantage mais au moins
avons-nous une base de travail. Tout n'est pas encore perdu", a dit
Selwin Hart, un des représentants de l'Alliance des petits Etats
insulaires.
Les négociateurs avaient stoppé les pendules vendredi
soir pour tenter d'arracher un accord sur un plan de lutte contre le
réchauffement climatique et éviter que la conférence de l'Onu se solde
par un nouvel échec, deux ans après l'accord a minima de Copenhague et
douze mois après le résultat insatisfaisant de Cancun.
(Reuters).
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